Demain sera collaboratif

Le collaboratif, nous on y croit !

Dans le monde du travail, la puissance physique a d’abord primé, puis la puissance intellectuelle. Dans l’économie de demain, la capacité à coopérer sera centrale.

https://cdn.pixabay.com/photo/2018/05/22/10/48/business-3421076_1280.jpg
crédit photo : pixabay.com / business-3421076_1280.jpg

A chaque époque son critère de recrutement. Au XXe siècle, les compétences intellectuelles sont passées au premier plan, avec la montée des services puis des technologies de l’information. En ce début de XXIe siècle, l’entreprise et le travail changent en profondeur.

L’automatisation gagne encore du terrain dans les tâches manuelles et se faufile dans les tâches intellectuelles. Les hiérarchies sont écrasées. L’économie devient « collaborative “. Un consultant américain, Dov Seidman, résume parfaitement cette révolution : « Nous sommes passés d’une économie industrielle – où on embauchait des bras – à une économie de la connaissance – où on embauchait des têtes – et maintenant une économie humaine – où on embauche des coeurs. »

Embaucher des coeurs ! Certains trouveront l’idée naïve, d’autres enthousiasmante, d’autres la rejetteront en affirmant que nous allons au contraire vers un monde de plus en plus dur où le coeur n’a aucune place.

Libre à chacun de se faire sa propre idée, mais des signaux nous encouragent à y croire.

Le travail répétitif devient largement mécanisé ou numérisé. Les salariés, eux, travaillent de plus en plus en équipe, en collectif, en mode projet. Si l’expertise technique reste précieuse, elle n’est utile qu’à celui qui est apte à collaborer avec les autres. Place à l’écoute et à l’attention, à l’empathie, à l’envie et à la volonté d’aller vers l’autre, de coopérer avec lui.

La même exigence se retrouve, et se retrouvera plus encore demain, pour les relations de l’entreprise avec ses parties prenantes – ses clients, ses fournisseurs, ses partenaires. Quand la production devient de plus en plus souvent une coproduction avec le client, la confiance est de mise et le résultat n’est pas le même. La visée est autre, on s’approche ici du sens que l’on donne au travail, aux valeurs qui nous animent…

L’économie collaborative va pousser à aller encore plus loin. Chez BlaBlaCar, pionnier du covoiturage, les transportés notent leur transporteur, mais la notation se fait aussi dans l’autre sens. Ce qui est en jeu ici n’est pas tant l’aptitude à la conduite ou à l’intellect que la qualité de la relation qui s’établit entre les uns et les autres.

Autre signe : une jeune activiste britannique, Belinda Parmar, calcule un « indice d’empathie » pour 160 grands groupes mondiaux.

La puissance du coeur, la capacité à travailler ensemble, à établir la confiance au-delà d’une simple transaction sont plus difficiles à détecter, à justifier aussi. Certains DRH partent à la recherche d’indices dans les CV. Deux chercheurs, Mathias Hein et Peiner Schumacher, ont montré que les étudiants ayant une forte implication associative, dans l’humanitaire par exemple, sont ceux qui montrent la meilleure aptitude à coopérer.

Source : lesechos.fr/14/01/2016