La relance du burn-out avec la crise du covid

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Les conséquences liées au Covid 19 sont multiples. A court terme, elles plongent certaines entreprises dans la faillite, d’autres dans le chaos économique. Les salariés, en bout de chaîne, subissent. Chômage partiel ou total, télétravail parfois couplé à du surmenage… sans oublier l’ambiance générale : contrôle et pressions multiples de l’entreprise et des pouvoirs publics, masque du matin au soir, restriction des libertés, incertitude quant à l’avenir, diffusion de messages quotidien maintenant un climat de peur…

Dans ce contexte complexe, le cocktail est parfait pour déclencher des réactions physiques et psychologiques majeurs à prendre au sérieux.

Plus que jamais, veiller à sa santé, aux signaux d’alerte, et à la prévention des équilibres est primordial.

Parmi les risques fréquents, le Burn-out, qui n’a certainement pas fini d’être la maladie du siècle. Il est cependant possible de le prévenir. Décryptage.

Les symptômes du burn-out

Le Burn-out est à la fois un processus et un état. C’est un syndrome présentant une série de symptômes caractéristiques, que seuls des experts peuvent diagnostiquer (il est recommandé d’avoir plusieurs avis d’experts pour un diagnostic) :

  • Des symptômes physiologiquement identifiés, comme la fatigue physique et mentale dès le lever évoluant vers l’épuisement voire la dépression réactionnelle.
  • Des symptômes physiques : troubles du sommeil, insomnies fréquentes, douleurs articulaires et tendineuses, céphalées, migraines, malaises, vertiges, problèmes dermatologiques, troubles cardiovasculaires…
  • Des symptômes psychiques, émotionnels : débordements émotionnels, fluctuation de l’humeur, angoisses, idées de persécution, irritabilité…
  • Des symptômes cognitifs : perte d’enthousiasme et d’idéal, perte de sens, de motivation, désillusion, perte d’estime de soi, pensées négatives, ruminations, idées fixes, doutes, tristesse profonde, troubles de concentration et de mémoire, difficulté à résoudre des tâches connues, à prendre du recul, des décisions…
  • Des symptômes comportementaux : accès de rage, attitude de retrait sur soi, distanciation vis-à-vis d’autrui, isolement social, retrait des relations sociales, conflits conjugaux et familiaux, cynisme, opposition au changement, négligence vestimentaire, négligence de l’hygiène corporelle et des activités de loisir, consommation de substances nocives pour autostimulation…

Le processus du Burn-out : du plaisir de travailler à l’épuisement

Le Burn-out est également un processus. Il part d’une intention positive, l’engagement. La personne ressent une satisfaction intense à travailler, sa valeur travail et son idéal de soi professionnel sont forts : vigueur, implication, caractérisent son état d’esprit.

Puis, de l’engagement, on bascule vers le sur-engagement : Le travail est de plus en plus excessif, il envahit la sphère privée du travailleur. Le plaisir à travailler diminue, l’anxiété augmente, l’estime de soi diminue.

Le travailleur s’obstine frénétiquement pour faire face à la surcharge de travail (que parfois il s’impose lui-même). Il ne parvient plus à obtenir de résultats, son estime de soi s’effondre. Il ne ressent plus aucun plaisir à travailler, son anxiété devient importante : il subit des niveaux très élevés de travail excessif et compulsif.

Quand arrive l’épuisement… La personne subit un effondrement intérieur. Son estime de soi est anéantie, elle a perdu tout espoir de surmonter ses difficultés professionnelles. Son retrait émotionnel est quasi total, elle manifeste un cynisme excessif, son manque de flexibilité est systématique. Elle n’est plus capable d’empathie, de soutien envers autrui, qu’elle réduit à l’état d’objet. Elle se sent inutile, bonne à rien. Elle peut décompenser de façon aigue et basculer dans la dépression réactionnelle, voire tenter de se suicider.

Les causes du Burn-out

Trois types de facteurs peuvent favoriser, être impliqués dans le Burn-out, parfois il peut suffire d’un seul.

Les causes intra-individuelles : la personne est très exigeante vis à vis d’elle-même, a une tendance à s’en demander trop, à vouloir se prouver qu’elle peut faire toujours plus… On dit qu’elle a un « tyran personnel ».

Les causes organisationnelles : il s’agit là de causes liées à l’organisation du travail, qui génèrent des pressions, des dysfonctionnements, comme par exemple des exigences inadaptées, des objectifs inatteignables, un manque d’autonomie, des méthodes contradictoires etc…

Les causes inter-personnelles : il s’agit de causes externes, d‘exigences issues de la société dans laquelle nous vivons (croyances, attentes, rôle, place accordée au travail dans notre société), mais aussi d’injonctions parentales, d’exigences de la part de personnes de l’entreprise… Ces exigences et valeurs sociales peuvent rendre l’idéal de soi au travail, très tyrannique. Les référentiels externes sont dans ce cas plus forts que les référentiels internes de la personne.

Concernant les causes externes, les études montrent que le numérique, l’exigence financière accrue des entreprises, les 35 heures, et récemment le télétravail mal encadré, favorisent l’accélération des problèmes de santé au travail.

Rôle et Responsabilités de l’employeur

Les maladies psychiques peuvent désormais être reconnues comme maladies professionnelles (code du travail de 2002). Les employeurs ont donc une responsabilité concernant ce type de maladies. L’article L4121 du code du travail précise que l’employeur doit adapter le travail à la personne, ce qui implique la prise en compte de la maladie.

Dans ce cadre, il est recommandé de se rapprocher d’un Intervenant en Prévention des Risques Professionnels (IPRP) et du CHSCT. Enfin, le suivi psychologique, seul à même d’aider les personnes concernées par un Burn-out, peut être pris en charge financièrement, en partie, par l’entreprise.

Comment prévenir le risque de Burn-out

  • Rechercher les leviers positifs de la valeur travail

Comme le montrent les travaux de recherche en psychologie positive : Ce n’est pas la performance qui engendre le bien-être mais le bien-être qui améliore la performance !

Effectuer des changements afin de trouver la dynamique vertueuse, autour de 3 valeurs :

  • Plaisir : quand j’ai de la satisfaction à ce que je fais… je m’engage…
  • Sens :…cela donne du sens à mon travail qui contribue à donner du sens à ma vie, je retrouve d’autant plus de plaisir à ce que je fais, car cela fait sens pour moi…
  • Engagement : … je m’engage pour mon travail, mon service, voire mon employeur ; j’accrois mes motivations, autonomie et compétences, ce qui renforce mon plaisir…
  • Actualiser ses valeurs

Se questionner en profondeur, ressentir ce qui est primordial pour soi maintenant, effectuer les changements nécessaires pour vivre ses valeurs au quotidien.

  • Equilibrer ses domaines de vie

Noter le temps, les bénéfices ressentis, la qualité de présence, consacrés à chaque domaine de vie : personnel, professionnel, couple, famille, et social.

Puis surtout, effectuer les changements nécessaires.

  • Renforcer son référentiel interne

Se référer à soi plutôt qu’aux autres afin de ne plus subir le poids du regard des autres, de l’éducation, des normes sociales, prendre conscience de ses croyances limitantes pour s’en libérer.

  • Développer l’estime de soi, la confiance en soi

Repérer et accepter ses compétences, ses qualités, savourer et fêter chaque victoire, mettre en place un cercle vertueux de positif en soi, accepter les compliments, recevoir l’amour.

Dès la suspicion de symptômes pouvant laisser penser à un comportement à risque d’un salarié, nous pouvons intervenir avec un accompagnement de type coaching.