La résilience est un concept à considérer pour les entreprises et les organisations dans la perspective de s’adapter, rebondir, modéliser et envisager l’avenir de manière positive et responsable.
Auparavant prisée en physique et en psychologie, la résilience s’impose comme un concept majeur dans un certain nombre d’entreprises. Petit tour d’horizon de trois idées clés qui leur donnent raison.
Idée
1 : Les individus comme les entreprises vont devoir démontrer leur
capacité à rebondir après le violent choc sanitaire, psychologique et
économique que constitue la crise du COVID-19
Cette crise
constitue « un événement subit et brutal » (définition même du
traumatisme) pour les entreprises et l’ensemble de leurs parties
prenantes, au premier rang desquelles leurs salariés. Leur quotidien,
notamment professionnel, s’est retrouvé profondément bouleversé en
quelques jours. Et l’inquiétude sanitaire s’accompagne d’une forte
inquiétude économique.
Faire preuve de résilience, c’est-à-dire résister à la crise du COVID-19,
tenir le coup, faire preuve de sang-froid et d’endurance, rebondir,
redémarrer : voilà les défis majeurs à relever tant pour les entreprises
que pour leurs salariés.
Ces deux dimensions – collective et
individuelle – sont intimement liées. Le rebond économique d’une
entreprise sera notamment lié à sa capacité à remobiliser ses collaborateurs quand, dans le même temps, la faculté des individus à se remobiliser dépendra aussi de la manière dont leur entreprise a fait face à la crise.
Idée 2 : Seules les entreprises qui reconfigureront leurs cognitions, croyances et comportements, en sortiront renforcées
En 2006, Stephen Lepore et Tracey Revenson ont publié une étude de référence identifiant trois dimensions ou formes distinctes de résilience
: la résistance, la récupération et la reconfiguration. Dans le cas de
la résistance, aucun changement n’est observé, même pendant la crise. La
récupération induit quant à elle une adaptation momentanée… avant un
retour à la normale.
On peut certes envisager que la crise du
COVID-19 entraîne certaines modifications à long terme dans les
entreprises et que l’on ne travaillera, managera ou consommera pas tout à
fait de la même manière demain. Elles devront donc reconfigurer leurs
cognitions, croyances et comportements, sans pour autant d’ailleurs
imaginer un « reset » intégral puisque, pour reprendre les termes de la philosophe Marylin Maeso
: « Aussi étrange que cela puisse paraître, il faut peut-être savoir
renoncer au rêve du Changement pour pouvoir faire une différence. »
Celles
qui parviendront à sortir renforcées, auront pu démontrer la solidité
de leur modèle économique et une capacité d’ajustement face au danger.
Elles auront également pu s’appuyer, si l’on s’en réfère là encore au
concept de résilience tel qu’il est employé en psychologie, sur leur
commun :
- une raison d’être forte qu’elles
auront utilisée comme une boussole pour donner du sens et de la
cohérence à leurs actions, se tourner vers une vision malgré tout
positive du futur et encourager la matérialisation de certains projets
utiles à la reprise ;
- une stratégie installée, prenant bien en compte le long terme et la RSE et ainsi à même de rassurer les analystes et les marchés, et, dans le même temps, une forte capacité d’adaptation stratégique à court terme ;
- une culture ancrée
qui aura guidé les comportements dans la crise, permis à la communauté
des collaborateurs de préserver ses liens, de favoriser une
communication claire et « ouverte », de coopérer et de se comporter
comme une « famille » (« La culture agit donc comme un catalyseur pour
permettre à ses membres de se remettre des traumas qui mettent en danger
la survie du groupe », Boris Cyrulnik, Gérard Jorland, 2012).
Idée
3 : Les enseignements que certaines auront su tirer de la crise leur
permettront aussi, à l’avenir, de se montrer moins vulnérables
Les études menées sur la résilience démontrent que la réaction d’un individu au stress
se déroule en trois étapes. Après la réponse immédiate (que se
passe-t-il ?) vient la réponse retardée (comment faire face ?). Puis la
réponse adaptative (on ne m’y reprendra plus), qui se traduit par la
mémorisation de l’événement vécu, de sa parade ainsi que du résultat
obtenu.
Pour les entreprises, il s’agit désormais de préparer cette réponse adaptative. Savoir tirer les enseignements de la crise leur permettra de renforcer leur capacité à faire face à un monde de plus en plus volatil, incertain, ambigu et complexe.
Elles
devront également comprendre que leur propre résilience est
indissociable de celle de leur écosystème et renforcer leur contribution
à un modèle plus vertueux, c’est-à-dire protégeant leur environnement,
la société et donc indirectement les protégeant elles-mêmes de possibles
crises futures, qu’elles soient alimentaires, climatiques, sociales ou
économiques. Nous sommes là encore au cœur du concept de résilience.
Un concept bien plus riche, donc, par exemple, que celui du « monde d’après », n’étant pas directement relié à des considérations économiques. Mais un concept qui devra aussi se traduire par la mise en place de démarches structurées permettant de s’appuyer sur la force du récit, de laisser à chacun la possibilité de s’exprimer, et de tirer collectivement les enseignements de la crise.
Par Stanislas Haquet, Directeur Associé chez Angie Consulting